Bangui, 4 avril 2025 Le Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution (BRDC), une coalition de partis politiques et d’organisations de la société civile, a organisé ce vendredi une marche pacifique dans les rues de Bangui pour protester contre le projet du président Faustin-Archange Touadéra de briguer un troisième mandat. Les manifestants ont également dénoncé la dégradation des conditions de vie en République centrafricaine (RCA), marquée par des pénuries d’eau, d’électricité et l’effondrement des services sociaux de base.

Une mobilisation contre la « gouvernance chaotique »
Venus de différents quartiers de la capitale et même d’autres villes du pays, plus de 800 manifestants ont parcouru près de 3 km, brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Non au troisième mandat », « On en a marre des coupures d’eau et d’électricité » ou encore « Non à la politique de la haine ». Le cortège, encadré par un important dispositif sécuritaire composé de la police, de la gendarmerie et de la Mission des Nations unies en RCA (MINUSCA), s’est achevé au rond-point Barthélemy Boganda, où les leaders de l’opposition ont entonné l’hymne national et rappelé les principes fondateurs de la nation.

Pour Martin Ziguélé, figure emblématique de l’opposition, cette marche est une victoire symbolique : « C’est le peuple centrafricain qui a triomphé de la peur. Si nous n’avions pas manifesté aujourd’hui, le monde entier aurait pu croire que les Centrafricains soutiennent un troisième mandat anticonstitutionnel de Touadéra. » Il a souligné que 90 % des participants étaient des jeunes et des femmes, preuve, selon lui, d’un rejet massif de la politique actuelle.
Un pays en crise économique et sociale.
La RCA traverse une crise multiforme : insécurité persistante due aux groupes armés, inflation galopante et services publics quasi-inexistants. Martine Sombo, une manifestante venue de Sibut, résume ce malaise : « Le pays va mal. On souffre avec les coupures d’eau et d’électricité, tout est cher, on n’arrive même pas à bien manger. Je suis sortie aujourd’hui parce que je crains pour l’avenir de nos enfants. »

Malgré quelques incidents mineurs provoqués par des individus infiltrés, la manifestation s’est globalement déroulée dans le calme. Crépin Mboli Goumba, président du parti PATRIE, a averti que cette mobilisation n’était « que le début d’une longue lutte », une manière, dit-il, « de réveiller le peuple pour qu’il exige ses droits ».

Le BRDC accuse le président Touadéra de vouloir « piétiner la Constitution »en se représentant en 2025, alors que la loi fondamentale limite à deux le nombre de mandats présidentiels. Cette ambition, perçue comme une « menace pour la démocratie », survient dans un contexte politique déjà tendu, où l’opposition dénonce une répression croissante et un climat de peur.
À l’approche des élections, la situation en RCA reste volatile. Alors que le pouvoir affirme vouloir stabiliser le pays, les manifestants, eux, réclament un changement de cap radical.
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