Le directeur de publication du Quotidien de Bangui, Landry Nguéma Ngokpélé, a été placé sous mandat de dépôt et transféré à la maison d’arrêt de Ngaragba après avoir été accusé d’incitation à la haine et d’appel à la révolte. Malgré ses démentis, cette arrestation suscite l’indignation parmi les journalistes qui ont décidé de boycotter la Journée mondiale de la liberté de la presse en solidarité avec leur confrère.
L’arrestation puis l’incarcération de Landry Ulrich Nguema Ngokpele, directeur de publication du Quotidien de Bangui, secoue la scène médiatique centrafricaine. Inculpé mercredi pour « diffusion d’informations tentant à causer des troubles à l’ordre public », il attend sa première audition prévue lundi 19 mai.
Cette arrestation ferait suite à un article sensible évoquant une possible présence de l’ex-président François Bozizé à Bangui une information non confirmée jusqu’ici. L’ancien chef de l’État, exilé en Guinée-Bissau depuis 2023, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par la Cour pénale spéciale.

Lundi, plusieurs journalistes centrafricains ont dénoncé une arrestation « arbitraire », estimant qu’elle serait directement liée à l’exercice du métier de journaliste. Pour Me Roger Lotomon, avocat de M. Ngokpele, « si son arrestation est effectivement liée à l’exercice de son métier, nous invoquerons la loi sur la dépénalisation des délits de presse ».
Le journaliste est actuellement en grève de la faim depuis deux jours, d’après Jean-Fernand Koena, vice-président de l’Union des journalistes centrafricains (UJCA), qui a pu lui rendre visite dans les locaux de la Section de recherche et d’investigation (SRI).
Face à la polémique, le ministre de la Communication, Maxime Balalou, a rappelé lors de la Journée nationale de la presse que « le journaliste ne doit pas être celui qui écrit des informations susceptibles de provoquer des troubles ». Il a toutefois appelé à « laisser la justice faire son travail ».
En signe de protestation, plusieurs journalistes ont décidé de boycotter cette célébration. Une action forte qui témoigne du climat de méfiance croissant entre les autorités et les professionnels des médias.

En 2025, la République centrafricaine se classe à la 72e place sur 180 dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Une position qui souligne les progrès réalisés ces dernières années, mais qui laisse aussi transparaître des inquiétudes persistantes.
Cet épisode remet en lumière une réalité troublante : en Centrafrique, comme dans d’autres pays, la liberté d’expression demeure fragile. La détention de Landry Ulrich Nguema Ngokpele pose une question cruciale : jusqu’où peut aller un journaliste dans un contexte politique tendu sans risquer sa liberté ?
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